Quel est l’impact de l’accès direct en kinésithérapie ?

Bonjour à tous et bienvenu pour ce premier billet de blog de la Société de Physiothérapie d’Occitanie!

Nous vous ferons profiter régulièrement de l’actualité scientifique  en rapport aux soirées que nous allons organiser. Nous espérons que ces lectures vous donnerons envie de nous retrouver pour échanger ensemble lors de nos évènements !

Ce premier article va vous donner un avant goût du thème de notre première soirée. Il concerne une revue de la littérature sur l’accès direct en physiothérapie publiée par une équipe de français (et un canadien) !

L’objectif et la méthode de cette revue

L’objectif de ce papier publié dans la revue Disability and Rehabilitation était de faire un mise à jour et d’évaluer les preuves disponibles sur l’impact de la kinésithérapie en première intention en comparaison aux soins usuels de première intention délivrés par un médecin, dans le domaine musculosquelettique, et ce en terme d’efficacité, de coûts des soins, sur la manière d’utiliser cet accès au soins, et sur la satisfaction et l’observance du patient.

Pour cela, les auteurs ont réalisé une recherche systématique dans des bases de données d’études scientifiques en recherchant celles qui traitaient de données quantitatives relatives à l’accès direct en physiothérapie musculosquelettique. 18 études d’une qualité allant de faible à modérée ont été incluses. Parmi les 18 études, 5 ont été conduites au Etats-Unis, 2 aux Pays-Bas, 7 au Royaume Uni, 3 en Suède, et 1 en Italie.

Pas de différence entre les 2 approches sur la douleur…

Cinq d’entre elles n’ont pas trouvé de différences significatives en terme de réduction de douleur entre des soins de première intention usuels et ceux prodigués par un kinésithérapeute en première intention. 

Mais !…

5 autres études ont montré de meilleurs résultats cliniques en terme de fonction et de qualité de vie pour les patients pris en charge par des kinésithérapeutes.

Et le coût ?

En terme de coûts de santé, 4 études ont montré que la kinésithérapie en première intention coutait moins chère tandis qu’une étude ne montrait pas de différence entre les 2 types de prise en charge.

Et le temps d’attente ? le recours à l’imagerie et à la médication ?

3 études montrent un temps d’attente raccourci pour aller vers la kinésithérapie en première intention en comparaison aux soins médicaux usuels.

6 études ont montré que la première intention en kinésithérapie amenait, au pire, le même nombre de visites, au mieux, un nombre plus faible de visites chez le praticien.

1 étude met en avant le fait que la kinésithérapie de première intention amenait à moins de recours à l’imagerie et à moins d’utilisation de médicaments.

Et la satisfaction du patient ?

6 études tendent à montrer une satisfaction plus importante pour les patients ayant recours à la kinésithérapie en accès direct.

Conclusion des auteurs ?

La conclusion des auteurs est que la kinésithérapie musculo-squelettique en accès direct au patient montre de meilleurs résultats en terme d’incapacité, de qualité de vie, et de coûts de santé en comparaison à une prise en charge médicale usuelle (niveau de preuve faible à modéré). Cela n’est cependant pas le cas en terme de douleur.

Les limitations de cette étude

Il existe un risque de biais de publication car la plupart des études sont en faveur de la kinésithérapie et il n’existe aucune étude négative envers cette dernière…

Un autre biais peut venir du fait que les patients inclus dans les études pouvaient présenter des caractéristiques propices à la réussite de la kinésithérapie en première intention (jeune âge, un meilleur statuts socio-économiques, une durée de symptômes plus courtes et une attente positive envers la kinésithérapie).

Mais tout cela apparait tout de même encourageant pour la suite !

A suivre…

Référence

Anthony Demont, Aurélie Bourmaud, Amélie Kechichian & François Desmeules (2019): The impact of direct access physiotherapy compared to primary care physician led usual care for patients with musculoskeletal disorders: a systematic review of the literature, Disability and Rehabilitation, DOI: 10.1080/09638288.2019.1674388